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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/44

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vous persistez dans vos indignes projets et que vos visites à cette malheureuse fille ne sont pas moins fréquentes qu’auparavant.

— Si vous parlez, monsieur, d’Elena Rosalba, permettez-moi de vous dire qu’elle n’est pas malheureuse. Je ne crains pas de vous avouer que mon attachement pour elle durera autant que ma vie. Pourquoi donc cette persistance à juger si mal une personne digne de mon amour ?

— Comme je ne suis pas amoureux d’elle, repris le marquis, et que l’âge de l’enthousiasme crédule est passé pour moi, vous trouverez bon que mes opinions ne se règlent que d’après un mûr examen, et que je m’en rapporte avant tout à des témoignages positifs.

— Quels témoignages ? s’écria Vivaldi. Et quel indigne dénonciateur a donc pu si aisément vous convaincre ? Quel est celui qui ne craint pas d’abuser ainsi de votre confiance et de conspirer contre mon bonheur ?

Le marquis parut fort blessé des doutes et des questions de son fils. Il s’ensuivit entre eux un long débat, où tous deux ne firent que s’irriter mutuellement ; l’insistance de Vivaldi pour connaître le nom du diffamateur d’Elena et les menaces du père pour le faire renoncer à sa passion demeurant également vaines. Dès lors, Vivaldi, ne voyant dans son père qu’un tyran injuste qui prétendait le priver de ses droits les plus sacrés, n’éprouva plus aucun scrupule à défendre obstinément sa liberté, et se sentit plus impatient que jamais de conclure un mariage qui garantirait l’honneur d’Elena et sa propre félicité.