Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/58

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et se rendit en hâte à la villa Altieri, accompagné d’un médecin qui offrait toutes les garanties possibles de mérite et d’honnêteté. Béatrice, qui avait veillé pour les attendre, les introduisit près du corps. Vivaldi, malgré l’émotion douloureuse qui l’avait saisi à son entrée, reprit assez d’empire sur lui-même pour assister l’homme de l’art près du lit mortuaire. Voulant s’expliquer librement avec lui, il prit la lampe des mains de Béatrice et la renvoya. À l’aspect du visage livide de la malheureuse signora Bianchi, Vivaldi eut besoin de toute sa raison pour s’assurer que c’était bien là les mêmes traits qui la veille encore étaient si animés, les mêmes yeux qui l’avaient regardé avec tant d’affection lorsque la brave dame confiait Elena à sa tendre sollicitude. Ces souvenirs le touchèrent vivement et, penché sur le corps de l’infortunée, il renouvela le vœu solennel de remplir envers l’orpheline tous les devoirs qu’elle lui avait imposés.

Avant qu’il eût le courage de demander au médecin son opinion, certaines taches noirâtres qui s’étendaient sur le visage de la morte, et quelques autres symptômes encore, lui firent supposer qu’elle avait été empoisonnée. Il craignait de rompre le silence et fixait sur le médecin un regard interrogateur.

— Je devine, dit celui-ci, quelle est votre pensée. Il y a certes des apparences qui la justifient ; cependant, les mêmes symptômes peuvent se retrouver dans d’autres circonstances.

Il ajouta quelques explications qui parurent assez plausibles à Vivaldi, puis il demanda à parler à Béatrice afin de savoir dans