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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/60

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corps, escorté d’une file de prêtres qui tenaient des torches funéraires, fut porté à visage découvert, suivant l’usage du pays. Mais l’orpheline, à qui ce même usage ne permettait pas de suivre le convoi, s’était rendue d’avance au couvent pour assister à l’office mortuaire. Sa douleur ne lui permit point de joindre sa voix à celles des religieuses ; mais cette sainte cérémonie y apporta quelque adoucissement, et son cœur se soulagea par des larmes abondantes. Le service achevé, l’abbesse lui rendit visite et entremêla ses consolations des plus vives instances pour la décider à chercher un asile dans sa communauté. C’était en effet l’intention d’Elena qui espérait trouver là une retraite convenable à sa situation et aux dispositions de son âme. Aussi s’engagea-t-elle, en quittant l’abbesse, à revenir dès le lendemain s’établir au couvent comme pensionnaire ; elle ne serait même pas retournée à la villa Altieri, si ce n’eût été pour instruire Vivaldi de cette résolution. Son estime et son attachement pour lui s’étaient accrus à tel point qu’elle fondait tout le bonheur de sa vie sur l’union projetée par sa tante, lorsqu’elle l’avait confiée solennellement à Vivaldi comme à son plus sûr protecteur. Elena trouva le jeune homme qui l’attendait chez elle.

Aux premiers mots qu’elle lui dit, Vivaldi fut saisi d’une inquiétude singulière, quoiqu’il sût bien que cette retraite ne devait être que momentanée. Elena lui avait laissé voir son affection ; il avait en elle toute la confiance que l’amour peut inspirer, et cependant il lui semblait qu’il la voyait là pour la dernière fois. Mille craintes vagues jusqu’alors