Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/61

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inconnues venaient l’assaillir. Ces religieuses, parmi lesquelles elle allait vivre, ne tenteraient-elles pas de la retenir, de la fixer parmi elles ? ne finiraient-elles pas par y parvenir ? Les protestations même d’Elena ne suffisaient pas pour le rassurer sur les suites de cette séparation.

— Hélas ! disait-il, ma chère Elena, je me figure, je ne sais pourquoi, que nous allons nous quitter pour toujours. Je sens sur mon cœur comme un poids que j’ai peine à soulever. Ah ! pourquoi ne vous ai-je pas pressée de former sur-le-champ des nœuds indissolubles ? pourquoi ai-je laissé exposé à la merci du sort un bonheur qu’il était en notre pouvoir de mettre hors de toute atteinte ? Que dis-je ? N’en est-il pas temps encore ? Oh ! chère Elena, que la tyrannie des fausses bienséances ne vous arrête pas ! Si vous allez à Santa Maria que ce soit avec moi, pour y faire bénir notre union.

Aux vives inquiétudes de son amant, Elena répondit par de doux reproches. Pourquoi tant d’alarmes au sujet d’une retraite que l’état actuel de son âme, le respect dû à la mémoire de sa tante, et la décence de sa situation, rendaient également nécessaire ? Douterait-il de la constance de ses sentiments et de la fermeté de son caractère ? Dans ce cas, il aurait fait un choix imprudent en offrant de la prendre pour compagne de sa vie.

Vivaldi n’avait rien de sensé à lui répondre ; il lui demanda pardon de sa faiblesse et s’efforça de bannir des inquiétudes si peu fondées. Mais il eut beau faire, il ne put recouvrer ni tranquillité ni confiance, et la jeune fille se laissa gagner elle-même p