Page:Radcliffe - Le confessionnal des pénitents noirs, 1916.djvu/37

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— Monsieur, comme j’observais les environs, j’ai vu descendre de la côte qui est là-bas les deux individus qui nous avaient rejoints après le passage du pont. Ils n’ont plus leurs manteaux, ce sont des carmes déchaussés. Oh ! je les ai bien reconnus, ils suivent nos traces peut-être ; j’ai idée que ce sont des capucins qui nous guettent.

Pour dépister ces deux étrangers, Vivaldi prit un autre chemin et hâta la marche des montures. Ils s’engagèrent dans la route de Cellano, où ils arrivèrent avant la nuit close. Vivaldi chercha et trouva, à peu de distance de la ville, un couvent de femmes très hospitalier, où Elena pût trouver un refuge momentané. Quant au jeune comte, il fut bien reçu dans un monastère de bénédictins.

Les deux fiancés passèrent ainsi plus de quinze jours à Cellano.

Vivaldi qui voyait tous les jours Elena à la grille, lui exprimait la crainte que le lieu de leur retraite ne fût découvert et qu’elle ne lui fût ravie une seconde fois, danger dont leur mariage pouvait seul les garantir. De son côté, Elena ne voulait pas entrer ainsi de force dans la famille de celui qu’elle aimait ; mais l’émotion du jeune homme, plus encore que ses raisons, la décida à accepter enfin ses propositions.

Vivaldi consulta un religieux du couvent des bénédictins qu’il avait mis dans ses intérêts, sur l’heure à laquelle celui-ci pourrait célébrer leur mariage avec le plus de mystère possible. Le vieux bénédictin lui répondit qu’après l’office du soir, il se rendrait à la petite chapelle située sur les bords du lac, où il les marierait.

Vivaldi retourna vers Elena et lui fit part de cet arrangement. Ils convinrent que, la cérémonie terminée, ils s’embarqueraient sur le lac et le traverseraient pour se rendre à Naples.

Plus le moment approchait, plus Elena se sentait gagner par un étrange pressenti-