Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/105

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sa rencontre ; il en prit un entre ses bras, et l’autre, s’attachant à sa ceinture, il s’avança avec lenteur. Son air abattu, désolé, décida Valancourt. Il jeta tout l’argent qu’il avoit, sauf quelques pistoles, et courut après Saint-Aubert qui, soutenu d’Emilie, s’acheminoit vers la hauteur. Valancourt ne s’étoit jamais senti l’esprit si léger ; son cœur tressailloit de joie, et tous les objets autour de lui sembloient plus beaux et plus intéressans. Saint-Aubert observa ses transports. — Qu’avez-vous, lui dit-il, qui vous enchante ainsi ? — Oh ! la belle journée, s’écrioit Valancourt, comme le soleil brille, comme l’air est pur, quel site enchanteur ! — Il est charmant, dit Saint-Aubert, dont l’heureuse expérience expliquoit aisément l’émotion de Valancourt ; quel dommage, que tant de riches qui pourroient se procurer à volonté un soleil brillant, laissent flétrir leurs jours dans les brouillards de l’égoïsme ! Pour vous, mon jeune ami, puisse toujours le soleil vous paroître aussi beau qu’aujourd’hui ! Puissiez-vous, dans votre active bienveillance, réunir toujours la bonté et la sagesse !

Valancourt, honoré d’un tel compliment, ne put répondre que par un sourire, et ce fut celui de la reconnoissance.