Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/108

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tendoit à les voir débusquer : bientôt après, un objet non moins terrible la frappa ; un gibet placé à l’entrée du passage, et précisément au-dessus d’une des croix, expliquoit assez clairement quelque événement vraiment tragique. Elle évita d’en parler à Saint-Aubert ; mais cette vue la rendoit inquiète ; elle eût voulu presser le repas pour arriver avec certitude avant le coucher du soleil. Mais Saint-Aubert avoit besoin de rafraîchissemens, et s’asséyant sur le gazon, les voyageurs entamèrent la corbeille. Saint-Aubert fut ranimé par le repos et par l’air serein de cette esplanade. Valancourt étoit tellement ravi, tellement porté à la conversation, qu’il semblojt avoir oublié tout le chemin qu’il restoit à faire. Le repas fini, ils firent un long adieu à ce site merveilleux, et recommencèrent à grimper. Saint-Aubert retrouva la voiture avec joie. Emilie y monta avec lui ; mais voulant connoître avec plus de détails la délicieuse contrée dans laquelle ils alloient descendre, Valancourt découpla ses chiens et les suivit à pied ; il s’égaroit parfois sur des éminences, qui lui permettoient un beau point de vue : le pas des mules lui permettoit ces distractions. Si quelque endroit déployoit une rare magnificence, il revenoit