motifs suffisans pour l’approcher autant de sa fille.
Le déjeûner fut presque aussi silencieux qu’avoit été le souper de la veille ; mais leur rêverie fut interrompue par le bruit de la voiture qui devoit emmener Saint-Aubert et Emilie : Valancourt se leva de sa chaise et courut à la fenêtre, il reconnut la voiture, et revint à son siège sans parler. Le moment de la séparation étoit venu : Saint-Aubert dit à Valancourt qu’il espéroit le voir à la Vallée, et qu’il n’y passeroit sûrement pas sans les honorer d’une visite. Valancourt le remercia vivement, et l’assura qu’il n’y manqueroit jamais. En disant ces mots, il regardoit timidement Emilie, et elle s’efforçoit de sourire au milieu de sa profonde tristesse. Ils passèrent quelques minutes dans un entretien fort animé : Saint-Aubert prit le chemin du carrosse, Emilie et Valancourt suivirent en silence. Valancourt restoit à la portière après qu’ils furent montés ; aucun ne sembloit avoir assez de courage pour dire adieu. À la fin Saint-Aubert prononça le triste mot ; Emilie le rendit à Valancourt, qui le répéta avec un sourire forcé, et la voiture se mit en marche.