bois, portoient déjà les premières livrées de l’automne.
Saint-Aubert étoit impatient de se trouver à Perpignan, où il attendoit des lettres de M. Quesnel ; et c’étoit l’attente de ces lettres qui lui avoit fait quitter Collioure, malgré le besoin qu’il avoit d’un peu de repos. Après quelques lieues de chemin il s’endormit ; et Emilie, qui avoit mis deux ou trois livres dans la voiture en quittant la Vallée, eut le loisir d’en faire usage. Elle chercha celui dans lequel Valancourt avoit lu la veille ; elle desiroit de repasser les pages sur lesquelles les yeux d’un ami si cher s’étoient fixés tout nouvellement. Elle vouloit appuyer sur les passages qu’il admiroit, les prononcer comme il le faisoit, et le ramener pour ainsi dire en sa présence. En cherchant ce livre qu’elle ne pouvoit trouver, elle apperçut à la place un volume de Pétrarque qui avoit appartenu à Valancourt, dont le nom étoit écrit dessus. Souvent il lui en lisoit dès passages, et toujours avec cette expression pathétique qui caractérisoit les sentimens de l’auteur. Elle hésita à croire ce que tout autre auroit promptement compris, c’est que ce livre se trouvoit à dessein à la place de