Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/138

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gnement ; nos gens ont eu peur, et n’ont pas voulu aller plus loin. Il est rare qu’on l’entende d’aussi bonne heure qu’aujourd’hui, c’est ordinairement vers minuit, quand cette brillante planète, qui est maintenant au-dessus de ces tourelles descend au-dessous des bois à gauche.

— Quelles tourelles, demanda vivement Saint-Aubert ? je n’en vois point.

— Pardonnez-moi, monsieur, vous en voyez une, la lune donne dessus ; vous voyez l’avenue, et le château est caché presque entièrement dans les arbres.

— Oui, mon papa, dit Emilie, en regardant ; ne voyez-vous pas quelque chose qui brille au-dessus du bois ? C’est une girouette, je pense, sur laquelle se portent les rayons.

— Oui, je vois ce que vous voulez dire. À qui est ce château ?

— Le marquis de Villeroy en étoit possesseur, dit Voisin avec un air important.

— Ah ! dit Saint-Aubert fort agité, sommes-nous donc si près de Blangy ?

— C’était la demeure favorite du marquis, reprit Voisin ; mais il l’avoit en aversion, et n’y est pas revenu depuis bien des années : on nous a dit qu’il étoit mort depuis peu, et que cette terre étoit passée en