Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/205

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embarrassée de ce qu’elle lui diroit, elle lui demanda s’il y avoit long-temps qu’il étoit de retour en Gascogne. — J’y suis depuis… dit Valancourt en rougissant, après avoir eu le malheur de quitter des amis qui m’avoient rendu le voyage des Pyrénées si délicieux. J’ai fait une assez longue tournée.

Une larme vint aux yeux d’Emilie pendant que Valancourt parloit ; il s’en apperçut, parla d’autre chose : il loua le château, sa situation, les points de vue qu’il offroit. Emilie, fort en peine de soutenir la conversation, saisit avec plaisir un sujet indifférent : ils descendirent sur la terrasse, et Valancourt fut enchanté de la rivière, de la prairie, des tableaux multipliés que présentoit la Guyenne.

Il s’appuya sur la terrasse, et contemplant le cours rapide de la Garonne : Il n’y a pas long-temps, dit-il, que j’ai remonté jusqu’à sa source ; je n’avois pas alors le bonheur de vous connoître, car j’aurois douloureusement senti votre absence.

Valancourt, en lui parlant des aspects divers dont ses yeux avoient été frappés, donnoit à sa voix un accent d’une extrême tendresse. Quelquefois il s’exaltoit avec tout le feu du génie bientôt après il sembloit à peine s’occuper de l’objet de leur entre-