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tien. Ces discours ramenoient Emilie à l’idée continuelle de son père ; son image se retrouvoit dans tous les tableaux.

Valancourt s’assit près d’elle ; mais il étoit muet et tremblant. À la fin il dit d’une voix entrecoupée : Ce lieu charmant ! je vais le quitter ; je vais vous quitter peut-être pour toujours. Ces momens peuvent ne revenir jamais ; je ne veux point les perdre. Souffrez cependant que, sans affecter votre délicatesse et votre douleur, je vous exprime une fois tout ce que votre bonté m’inspire d’admiration et de reconnoissance. Oh ! si je pouvois quelque jour avoir le droit d’appeler amour le vif sentiment…

L’émotion d’Emilie ne lui permit pas de répliquer, et Valancourt ayant jeté les yeux sur elle, la vit pâlir et prête à se trouver mal : il fit un mouvement involontaire pour la soutenir, ce mouvement la fit revenir à elle avec une sorte d’effroi. Quand Valancourt reprit la parole, tout, jusqu’au son de sa voix, respiroit l’amour le plus tendre. — Je n’oserois, ajouta-t-il, vous entretenir de moi plus long-temps ; mais ce moment cruel auroit moins d’amertume, si je pouvois emporter l’espoir que l’aveu qui m’est échappé ne m’exclura pas désormais de votre présence.