Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/207

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Emilie fit un autre effort pour surmonter la confusion de ses pensées : elle craignoit de trahir son cœur, et de laisser voir la préférence qu’il accordoit à Valancourt : elle craignoit d’encourager ses espérances. En si peu de temps, il est vrai, elle avoit apprécié Valancourt, et l’opinion de son père avoit confirmé la sienne. La pensée de se séparer de Valancourt lui paroissoit si pénible, qu’elle ne pouvoit pas l’endurer ; mais la certitude qu’elle en avoit, ajoutoit à ses craintes sur la partialité de son jugement. Elle hésitoit d’autant plus à lui témoigner ce qu’elle sentoit, que son cœur l’en pressoit avec trop de vivacité. Cependant elle reprit courage, pour dire qu’elle se trouvoit honorée par le suffrage d’une personne pour laquelle Son père avoit tant d’estime.

— Il m’a donc alors jugé digne de son estime, dit Valancourt avec la timidité du doute ? Puis se reprenant, il ajouta : — Pardonnez cette question ; je sais à peine ce que je veux dire. Si j’osois me flatter de votre indulgence, si vous me permettiez l’espérance d’obtenir quelquefois de vos nouvelles, je vous quitterais avec bien plus de tranquillité.

Emilie répondit, après un moment de