Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/209

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jamais, jusqu’à ce moment, je n’en avois regretté la douceur enchanteresse.

Alors il se leva brusquement, et parcourut la terrasse à grands pas. Le désespoir se peignoit dans tous ses traits, Emilie en fut attendrie. Les mouvemens de son cœur triomphèrent de sa timidité ; et quand il se fut rapproché d’elle, elle lui dit avec une voix qui la trahissoit : Vous nous faites tort à tous les deux, quand vous dites que je vous crois indigne de mon estime. Je dois avouer que vous la possédez depuis long-temps, et, et…

Valancourt attendoit impatiemment la fin de cette phrase, mais les mots expirèrent sur ses lèvres. Ses yeux néanmoins réfléchissoient toutes les émotions de son cœur ; Valancourt passa subitement du découragement à la joie. — Emilie, s’écria-t-il, mon Emilie ! Ciel ! comment soutenir cet instant.

Il pressa la main d’Emilie contre ses lèvres ; elle étoit froide et tremblante, Valancourt la vit pâlir. Elle se remit assez promptement, et lui dit avec un sourire : Je ne suis pas, je crois, rétablie du coup affreux que mon cœur a reçu.

— Je suis sans excuses moi-même, dit Valancourt ; mais je ne parlerai plus de ce qui peut émouvoir votre sensibilité.