Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/210

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Puis oubliant sa résolution, il se remit à parler de lui. — Vous ne savez pas, lui dit-il, quels tourmens j’ai soufferts près de vous, lorsque sans doute, si vous m’honoriez d’une pensée, vous deviez me croire bien loin d’ici. Je n’ai cessé d’errer toutes les nuits autour de ce château, dans une obscurité profonde ; il m’étoit délicieux de savoir que j’étois enfin près de vous. Je jouissois de l’idée que je veillois autour de votre retraite, et que vous goûtiez le sommeil : ces jardins ne me sont pas nouveaux. Un soir j’avois franchi la haie, je passai une des heures les plus heureuses de ma vie, sous la fenêtre que je croyois la vôtre.

Emilie s’informa combien de temps Valancourt avoit été dans le voisinage. — Plusieurs, jours, répondit-il ; je voulois profiter de la permission que m’avoit donnée M. Saint-Aubert. Je ne conçois pas comment il eut cette bonté ; mais, quoique je le désirasse vivement, quand le moment approchoit je perdois courage, et je différois ma visite. Je logeois dans un village à quelque distance, et je parcourois avec mes chiens les environs de ce charmant pays, soupirant après le bonheur de vous rencontrer, et n’osant pas vous aller voir.

La conversation se prolongeoit sans qu’ils