Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’étoit pas leur faute. Une fois, il est vrai, elles cassèrent la jambe d’un enfant qui s’endormit dans leur étable, mais je leur dis qu’elles avoient eu grand tort ; par Saint-Antoine, elles m’entendirent, car jamais elles n’ont recommencé.

Il conclut cette belle harangue, en protestant que, par-tout, ses mules partageroient son asyle.

Valancourt, à la fin, réussit à tout pacifier. Il tira l’hôtesse à part, et la pria d’abandonner la chambre au muletier et à ses mules ; il laissa à ses enfans les peaux qu’on lui avoit préparées, et l’assura qu’enveloppé dans son manteau, il passeroit bien la nuit sur un banc près de la porte. L’hôtesse s’y refusoit, et ne vouloit rien céder au muletier ; mais Valancourt insista, et cette grande affaire s’arrangea.

Il étoit tard, quand Saint-Aubert et Emilie se retirèrent dans leurs chambres ; Valancourt resta devant la porte. Dans cette agréable saison, il aimoit mieux cette place qu’un étroit cabinet et un lit de peaux ; Saint-Aubert fut un peu surpris de trouver près de lui Homère, Horace et Pétrarque, mais le nom de Valancourt écrit sur les volumes, lui en fit connoître le possesseur.