Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/129

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Elle regardoit autour d’elle avec une attentive curiosité. Le crépuscule obscur ne laissoit plus distinguer que d’imparfaites images. Cependant, à quelque distance, sur la mer, elle crut appercevoir une gondole. Un chœur de voix et d’instrumens s’enfla successivement dans les airs. Il étoit si doux ! si solennel ! c’étoit comme l’hymne des anges descendans au milieu du silence des nuits. La musique finit, et l’on eût dit que le chœur sacré remontoit au ciel.

Le calme profond qui succéda étoit aussi expressif que les chants qui avoient cessé ; rien ne l’interrompit pendant quelques minutes ; mais enfin un soupir général sembla tirer tout le monde d’une sorte d’enchantement. Emilie, pourtant, se livra long-temps à l’aimable tristesse qui s’étoit emparée de ses esprits ; mais le spectacle riant et tumultueux que lui offrit la place Saint-Marc, dissipa sa rêverie. La lune, à son lever, jetoit une foible lueur sur les terrasses, sur les portiques illuminés, sur les magnifiques arcades qui les couronnoient, et laissoit voir les sociétés nombreuses, dont les pas légers, les douces guitares, les voix plus douces encore, se mêloient confusément.

La musique que les voyageurs avoient