Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son père, et de calculer s’il lui seroit possible d’habiter cette demeure.

La conduite de Montoni, dans sa lettre à M. Quesnel, lui paroissoit singulièrement suspecte. Il pouvoit, dans le principe, avoir été trompé ; mais elle craignoit qu’il ne persistât volontairement dans son erreur pour l’intimider, la plier à ses desirs, et la forcer d’épouser le comte. Que cela fût ou non, elle n’en étoit pas moins empressée de s’expliquer avec M. Quesnel : elle considéroit sa prochaine visite avec un mélange d’impatience, d’espérance et de crainte.

Le jour suivant, madame Montoni, seule avec Emilie, parla du comte Morano. Elle parut surprise que, la veille, elle n’eût pas joint les autres gondoles, et qu’elle eût repris si brusquement la route de Venise. Emilie raconta tout ce qui s’étoit passé ; elle exprima son chagrin de la méprise arrivée entre elle et Montoni, et pria sa tante d’interposer ses bons offices, pour qu’il donnât enfin au comte un refus décisif et formel ; mais elle s’apperçut bientôt que madame Montoni n’ignoroit pas le dernier entretien, quand elle avoit commencé celui-ci.

Vous n’avez sur tout ceci nul encouragement à attendre de moi, dit la tante ; j’ai