Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelque accident à Ludovico, et qu’elle étoit encore en prison. Emilie résolut donc de visiter la chambre où la pauvre Annette s’étoit fait entendre, et si cette fille y gémissoit encore, d’informer Montoni de sa triste situation.

Elle sortit, et gagna la galerie du sud. Il étoit midi.

Les lamentations d’Annette s’entendoient à l’extrémité de la galerie : elle déploroit son sort et celui de Ludovico. Elle dit à Emilie qu’elle mourroit de faim si elle n’étoit libre à l’instant. Emilie répondit qu’elle alloit demander sa liberté à Montoni ; mais la peur de la faim céda pour le moment à la peur du signor ; et quand Emilie la laissa, elle la prioit avec instance de ne pas découvrir l’asyle où elle s’étoit cachée.

Emilie s’approcha de la grande salle ; et le bruit qu’elle entendit, les gens qu’elle rencontra, renouvelèrent toutes ses alarmes. Ces derniers néanmoins paroissoient pacifiques. Ils la regardoient avec avidité, lui parloient même quelquefois. En traversant la salle pour se rendre au salon de cèdre, où Montoni se tenoit ordinairement, elle vit sur le pavé des débris d’épée, des lambeaux teints de sang ; elle s’attendoit presque à trouver un corps mort ; mais elle