Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/37

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étroites et enfoncées, enfin ses beffrois nombreux placés au coin de chaque tourelle. Elle s’appuya sur le mur de la terrasse, et mesura de l’œil le gouffre effroyable d’un précipice, dont les noirs sommets des forêts déroboient encore la profondeur. Par-tout où elle portoit ses regards, c’étoient des pics de montagnes, des bois de sapin, et d’étroits défilés, qui s’enfonçoient dans les Apennins, et disparoissoient à la vue dans ces régions inaccessibles.

Elle étoit dans cette situation, quand elle vit Montoni, accompagné de deux hommes, qui gravissoit un sentier taillé dans le roc vif. Il s’arrêta sur une éminence, considérant le rempart, et s’adressant à sa suite, il s’exprima avec un air et des gestes fort énergiques. Emilie s’apperçut que l’un de ces hommes étoit Carlo, que l’autre avoit le costume d’un paysan, et qu’à lui seul s’adressoient les ordres de Montoni.

Elle se retira de la muraille et continua sa promenade. Tout-à-coup elle entendit le bruit de plusieurs carrosses, bientôt le retentissement de la grosse cloche, et il lui vint à l’esprit que le comte Morano arrivoit ; elle traversa rapidement les portes de la terrasse, reprenant à la hâte le chemin