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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/106

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vez-vous, mademoiselle ? vous êtes bouleversée ; vous ne m’écoutez pas.

— Je vous écoute, Annette ; continuez, je vous prie.

— Eh bien ! mademoiselle, tout le château est en l’air. Les uns chargent le canon, d’autres examinent les portes, les murs ; ils frappent, ils garnissent, ils bouchent, comme si on n’eût pas fait de si longues réparations. Mais qu’arrivera-t-il à moi, mademoiselle, à vous, à Ludovico ? Oh ! si j’entends tirer le canon, je mourrai de peur. Si je pouvois trouver la grande porte ouverte une minute, j’aurois bientôt fait de me glisser le long des murailles. On ne me reverroit jamais.

Emilie saisit ces derniers mots. — Oh ! si je pouvois, s’écria-t-elle, la trouver ouverte un moment, mon repos seroit assuré ! — Le profond soupir qu’elle poussa, l’égarement de ses regards, effrayèrent Annette encore plus que ses paroles. Elle pria Emilie de s’expliquer. Frappée sur-le-champ du secours dont seroit Ludovico s’il y avoit moyen d’échapper, Emilie redit à Annette la substance de son entretien avec M. Montoni. Elle la conjura en même temps de ne le confier qu’au seul Ludovico. — Peut-être, ajouta-t-elle, peut-être il pourra nous sau-