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couverts de vignes, de figuiers et de jasmins, et jamais Emilie n’avoit trouvé des fleurs, ni si grandes, ni si parfumées. Des raisins mûrs pendoient autour de sa petite fenêtre ; le gazon, sous les arbres, étoit émaillé de fleurs et d’herbes odorantes. À l’autre bord du petit ruisseau, dont le courant rafraîchissoit le bocage, s’élevoit un bosquet de citronniers et d’orangers ; ce bosquet, presqu’en face de la fenêtre d’Emilie, augmentoit les charmes de la vue. Le sombre de la verdure ajoutait aux effets de la perspective. C’étoit pour Emilie un bosquet enchanté, dont les charmes, successivement, communiquèrent à son esprit quelque chose de leur douceur.

Elle fut appelée à l’heure du déjeûner par la fille du paysan : c’étoit une jeune personne d’environ dix-sept ans, et d’un extérieur agréable. Emilie vit avec plaisir qu’elle sembloit animée des plus pures affections de la nature ; tous ceux qui l’entouroient annonçoient plus ou moins de mauvaises dispositions : cruauté, férocité, finesse, duplicité ; ce dernier caractère distinguoit spécialement les traits du paysan et de sa femme. Maddelina parloit peu ; mais ce qu’elle disoit étoit dit d’une voix douce, accompagné d’un air modeste et