Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/165

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On arriva enfin aux portes du château. Bertrand, apercevant une lumière dans la chambre du portail, appela fort haut. Le soldat regarda, et demanda qui c’étoit. — Je vous amène un prisonnier, dit Ugo ; ouvrez la porte, et laissez-nous entrer.

— Dites-moi d’abord qui est-ce qui demande à entrer ? dit le soldat.

— Quoi ! mon vieux camarade, s’écria Ugo, ne me reconnois-tu pas ? ne reconnois-tu pas Ugo ? J’amène un prisonnier, pieds et poings liés, un malheureux qui s’est gorgé de vin en Toscane pendant que nous nous battions ici.

— Vous ne le porterez pas loin, reprit Bertrand avec humeur. — Ah ! mon camarade, c’est vous, dit le soldat ; j’y vais tout de suite.

Emilie entendit descendre, tomber les chaînes, et tirer les verroux d’une petite porte par laquelle on entra. Le soldat tenoit la lampe fort bas, pour montrer le pas de la porte. Emilie se retrouva sous cette arcade ténébreuse, et elle entendit fermer ce guichet, qui sembloit à jamais la séparer du monde. Elle pénétra dans la première cour du château ; elle revit son enceinte spacieuse et solitaire avec une sorte de désespoir. À cette heure avancée de la nuit, l’obscurité gothique des bâtimens, les échos