Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/166

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prolongés et confus, qui retentissoient à l’entretien d’Ugo et du soldat, secondoient les mélancoliques pressentimens de son cœur. En rentrant dans la seconde cour, un bruit éloigné rompoit le silence ; il augmenta à mesure qu’on avançoit, et Emilie distingua des rires et des accens de débauche bien différens de ceux de la joie. Vous avez aussi du vin de Toscane chez vous, dit Bertrand, du moins si l’on en juge par le tintamare que j’entends. Je parie qu’Ugo en a mieux pris sa part que du combat. Qui tient donc table si tard ?

— Son excellence et ces messieurs, répondit le soldat. C’est une preuve que vous êtes étranger au château, puisque vous faites cette question. Ce sont des esprits braves qui ne dorment point ; ils passent les nuits à faire bonne chère. Nous, qui sommes de garde, nous voudrions bien en prendre une petite part. Il fait bien froid à se promener sur une terrasse pendant la nuit ; il faudroit un peu de liqueur pour nous réchauffer.

— Le courage, mon enfant, le courage échauffe le cœur, dit Ugo. — Le courage ? dit le soldat vivement et d’un ton de menace. Ugo le remarqua et l’empêcha d’en dire davantage. En revenant à la gaîté des