Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/188

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de retour. — Elles se turent ; la mesure changea ; Annette s’écria : Vierge Marie ! je connois cette chanson ; c’est une chanson française, une des chansons favorites de mon cher pays. C’étoit la ballade qu’Emilie avoit entendue la première fois, mais non pas celle de la pêcherie de Gascogne. — C’est un Français qui chante, dit Annette ; ce doit être M. Valancourt. — Paix, Annette, dit Emilie ; ne parlez pas si haut, on pourroit nous entendre. — Qui ? le chevalier ? dit Annette. — Non, dit Emilie tristement ; mais quelqu’un pourroit nous trahir près de M. Montoni. Pourquoi penseriez-vous que c’est M. Valancourt qui chante ? Mais chut ! la voix devient plus forte. En reconnoissez-vous le son ? Je crains de m’en fier à mon jugement. — Mademoiselle, reprit Annette, je n’ai jamais ouï chanter le chevalier. — Emilie fut affligée de savoir que l’unique motif d’Annette, pour croire que c’étoit Valancourt, fût que le musicien étoit français. Bientôt après elle entendit la romance de la pêcherie ; elle distingua son nom, si souvent répété qu’Annette elle-même l’entendit. Emilie trembla, retomba sur sa chaise ; et Annette appela tout haut ; Monsieur Valancourt ! monsieur Valancourt ! Emilie essayoit de