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chose. Il n’en dit pas davantage, et retourna sur la terrasse, où enfin Emilie le perdit de vue. Mais comme cet homme étoit de garde, elle savoit bien qu’il ne pouvoit passer le rempart, et elle attendit son retour.

Bientôt après elle l’entendit qui poussoit de grands cris. Une voix plus éloignée répondit ; le corps de garde s’ébranla ; tout le détachement traversa la terrasse. Emilie demanda ce que c’étoit ; mais les soldats passèrent sans la regarder.

L’imagination d’Emilie se reporta bien vîte à la figure qu’elle avait vue. Ce ne peut être une personne, dit-elle, qui ait des desseins sur ce château ; elle tiendroit une autre conduite ; elle ne s’aventureroit pas si près des sentinelles de garde, et ne se placerait pas en face d’une fenêtre, au risque d’être découverte. Elle se hasarderoit encore moins à saluer et à soupirer. Mais ce n’est pas non plus un prisonnier : comment pourroit-il jouir d’une liberté semblable ?

Si Emilie eût eu plus de vant, elle auroit cru que quelqu’habitant du château se promenoit sous sa fenêtre, dans l’espérance de la considérer, et de pouvoir lui déclarer ses sentimens. Mais cette idée ne vint pas à Emilie ; et quand elle l’auroit eue, elle l’auroit abandonnée comme im-