Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/119

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secrets pour rompre les nœuds qui l’attachoient à Valancourt : cette erreur fut bien courte. Le caractère du comte, tel que Dupont, d’autres personnes, et elle-même avoient pu le juger, ne permettoit pas de l’en croire capable ; mais, de plus, il ne pouvoit exister aucun motif pour qu’il se fût abaissé à une si cruelle trahison. Emilie ne put long-temps conserver l’espérance que le comte eût été égaré par de faux rapports sur Valancourt ; il avoit dit qu’il lui parloit d’après sa propre observation, et la fatale expérience de son fils. Il falloit quitter Valancourt pour jamais. Quel bonheur, quel repos attendre, avec un homme dont les inclinations étoient si belles, et pour qui le vice étoit devenu une habitude ? Elle ne devoit plus l’estimer ; mais le souvenir de ce qu’il avoit été, la longue habitude de l’aimer, ne souffroient guère qu’Emilie le méprisât.

— Oh Valancourt ! s’écrioit-elle ; après une séparation si longue, ne nous retrouvons-nous que pour être si malheureux ? que pour nous séparer pour toujours ?

Au milieu du tumulte de ses idées, elle se rappela sa candeur, sa simplicité, que la veille encore il lui avoit montrées. Si elle avoit osé s’en fier à son propre cœur,