Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/120

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elle en auroit tout espéré. Elle ne pouvoit se résoudre à s’éloigner de lui pour toujours, avant d’avoir acquis une preuve nouvelle de sa mauvaise conduite : mais étoit-il probable qu’elle pût se la procurer ? et pouvoit-elle, d’ailleurs, chercher une preuve plus positive ? Il falloit prendre un parti ; elle se détermina presque à le faire, selon la manière dont Valancourt recevroit ses questions, relativement à la conduite qu’il avoit tenue.

L’heure du dîner arriva ; Emilie lutta contre l’accablement de sa douleur, sécha ses larmes, et descendit. Le comte lui témoigna les plus délicates attentions. La comtesse et mademoiselle Béarn la regardèrent un moment avec surprise, et commencèrent, suivant l’usage, à s’entretenir de bagatelles. Les regards de Blanche interrogeoient vivement son amie ; mais elle ne répondoit que par un douloureux sourire.

Emilie se retira aussi-tôt qu’il lui fut possible ; Blanche la suivit, mais ses questions empressées n’obtinrent aucune réponse. Emilie la pria de l’épargner : parler de choses indifférentes, lui étoit trop pénible. Elle y renonça bientôt, et Blanche la quitta en la plaignant, puisqu’elle ne pouvoit pas lui offrir de consolation.