Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/121

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Emilie se détermina secrètement à retourner au couvent, pour y passer un jour ou deux. Dans l’état où elle étoit, la société, sur-tout celle de la comtesse et de mademoiselle Béarn, lui devenoit insupportable. Elle espéroit que la solitude du cloître et la bonté de l’abbesse l’aideroient à reprendre un peu d’empire sur elle-même, et à soutenir le dénouement qu’elle ne prevoyoit que trop.

Il lui sembloit qu’elle eût été moins affligée si Valancourt lui eût été enlevé par la mort, ou s’il eût épousé quelque rivale préférée. Ce qui la mettoit au désespoir, c’étoit de voir son amant déshonoré, de le voir couvert d’un opprobre qui devoit finir par le perdre lui-même, et qui la forçoit d’arracher de son cœur cette image si long-temps adorée. Ces tristes réflexions furent interrompues par un billet de Valancourt ; il peignoit le désordre de son ame ; il la conjuroit de le recevoir dans la soirée de ce jour, plutôt que le lendemain matin. Elle sentit une agitation si violente, qu’elle n’eut pas la force de répondre. Elle desiroit de le voir, et de sortir de cet état d’incertitude. Elle frémissoit de l’idée de cette entrevue ! Elle fit demander au comte un moment d’entretien, le vint trouver dans