Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/179

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de bontés pour moi. Je désire seulement d’avoir des armes, pour être en état de répondre à l’ennemi, s’il en paroît.

— Une épée ne vous défendra pas contre un esprit, dit le comte en regardant ironiquement ses serviteurs : ils ne craignent ni barrières, ni verroux : un revenant, vous le savez, se glisse par le trou d’une serrure comme par une porte ouverte.

— Donnez-moi une épée, monsieur le comte, reprit Ludovico, et je me charge d’envoyer dans la mer Rouge tous les esprits qui voudront m’attaquer.

— Eh bien ! dit le comte, vous aurez une épée, et de plus, un bon souper. Vos camarades peut-être auront le courage de demeurer encore une nuit dans le château. Il est certain que, du moins pour cette nuit, votre hardiesse attirera sur vous seul tous les maléfices du spectre.

Une extrême curiosité luttoit alors avec la crainte dans l’esprit des auditeurs. Ils résolurent d’attendre l’événement qui alloit suivre la témérité de Ludovico.

Emilie, surprise et effrayée de ce projet, fut au moment d’avouer au comte ce dont elle-même avoit été témoin dans les appartemens du nord ; elle ne pouvoit être exempte de craintes sur la sûreté de Ludo-