Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/72

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rement effroyable ; mais l’éclair qui la précédoit, et qui avoit frappé l’immensité des flots, avoit laissé voir une chaloupe, luttant avec effort contre les vagues écumantes. Une nuit impénétrable avoit soudain tout enveloppé. Un second éclair laissa revoir la barque ; elle n’avoit qu’une seule voile, et cherchoit à gagner la côte. Blanche saisit le bras de son père, avec un regard de douleur, où se peignoient l’effroi et la compassion. Ce moyen n’étoit pas nécessaire pour toucher le cœur du comte : il regardoit la mer avec une expression de pitié ; mais voyant bien qu’un bateau ne pourroit tenir contre l’orage, il défendit d’en risquer un, et fit porter des torches sur les pointes des rochers. Il espéroit en faire une espèce de fanal, et avertir le bâtiment des écueils qu’il alloit rencontrer. Henri sortit pour diriger les domestiques ; Blanche, avec son père, resta près de la fenêtre, et les éclairs, par intervalles, montraient le malheureux vaisseau. Blanche vit enfin, avec un mouvement d’espérance, les torches qui faisoient briller leurs flammes au milieu des ténèbres de la nuit, et dont l’éclat rougeâtre se répandoit sur les vagues. Quand le canon répétoit ses coups, on répondoit en élevant les flambeaux, et le bâtiment à son tour ré-