Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/168

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mots horribles et mystérieux du manuscrit que, sans le vouloir, ses regards avoient parcouru. Elle ne se les retraçoit jamais sans une curiosité pénible sur le sens qu’ils pouvoient avoir, et sur la défense de son père. C’étoit pourtant une consolation pour elle d’avoir strictement obéi.

L’abbesse ne parla pas davantage. Elle étoit si fort affectée du sujet qu’elle venoit de traiter, qu’elle ne pouvoit continuer l’entretien ; et ses compagnes gardoient le silence par la même cause. La méditation générale fut cependant interrompue par l’arrivée d’un étranger. C’étoit M. de Bonnac qui venoit de quitter sœur Agnès. Il paroissoit troublé ; mais Emilie s’imagina voir dans son expression plus d’horreur que de douleur. Il prit l’abbesse à part, et l’entretint quelques instans ; elle paroissoit fort attentive : elle parloit avec réflexion, précaution, et montroit beaucoup d’intérêt. Après qu’il eut fini, il la salua en silence, et se retira. L’abbesse proposa d’aller dans la chambre de sœur Agnès ; Emilie y consentit avec quelque répugnance, et Blanche resta avec les pensionnaires.

À la porte de la chambre, elles trouvèrent le confesseur ; il releva sa tête à leur approche, et Emilie reconnut celui qui avoit