combattoient dans son cœur, qu’à peine elle entendoit cette voix, dont les tendres et timides accens cherchoient à la ranimer. Valancourt aux genoux d’Emilie, s’accusoit de l’excès d’impatience qui l’avoit décidé à la surprendre ainsi. Il venoit d’arriver, et ne pouvant attendre que le comte fût de retour, il avoit couru aussitôt pour le chercher à la promenade. En passant près de la tour, il avoit reconnu la voix d’Emilie, et sur-le-champ il étoit monté.
Elle fut long-temps avant de recouvrer ses sens ; quand elle fut revenue, elle repoussa les soins de Valancourt, et lui demanda avec autant de mécontentement qu’elle pouvoit en sentir à sa vue, quel étoit le sujet de sa visite.
— Ah ! Emilie, dit Valancourt, cet air, ces paroles, hélas ! j’ai peu à espérer. Quand vous m’avez privé de votre estime, vous avez donc cessé de m’aimer ?
— Oui, monsieur, reprit Emilie, tâchant de donner de l’assurance à sa voix ; si vous faisiez cas de mon estime, vous ne m’auriez pas donné cette nouvelle occasion de chagrin.
La physionomie de Valancourt changea soudain ; l’anxiété du doute fit place à la surprise et au découragement. Il resta muet ;