Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/212

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il dit enfin : — On m’avoit donné lieu d’espérer une réception bien différente ! — Est-il bien vrai, Emilie, que pour jamais j’ai perdu votre affection ? dois-je croire que votre estime ne peut jamais m’être rendue, que votre amour ne peut renaître ? Le comte a-t-il médité cette cruauté, qui me donne une seconde fois la mort ?

Le ton dont il parloit, alarma Emilie autant que son discours l’étonna. Tremblante d’impatience, elle demanda qu’il voulût bien s’expliquer.

Et pourquoi cette explication ? répondit Valancourt. Ignorez-vous combien ma conduite a été calomniée ? ignorez-vous que les actions dont vous m’avez cru coupable… et comment avez-vous pu, ô Emilie ! me dégrader à ce point, dans votre opinion ?… que ces actions, je les méprise, je les abhorre autant que vous ! Ignorez-vous que le comte a découvert les faussetés qui me privoient de l’unique bien qui me soit cher au monde ; qu’il m’a lui-même invité à venir près de vous me justifier ? L’ignorez-vous, et suis-je encore le jouet d’une fausse espérance ?

Le silence d’Emilie semblent confirmer cette crainte ; Valancourt, dans l’obscurité, ne pouvoit distinguer la surprise et la joie,