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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/213

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qui la rendoient comme immobile. Incapable de parler, un soupir de son cœur parut la soulager, et elle dit a la fin :

Valancourt ! j’ignorois ce que vous venez de me dire. L’émotion que j’éprouve en est la preuve. Je ne pouvois plus vous estimer ; mais je n’avois pu encore réussir à vous oublier.

Quelle idée, reprit Valancourt en s’appuyant contre la fenêtre, quelle persuasion ce moment m’apporte ! Je vous suis cher ! je vous suis cher encore, mon Emilie !

— Faut-il donc que je vous le dise ? répliqua Emilie. Cela est-il nécessaire ? Voilà mon premier moment de joie depuis votre départ, et il me dédommage de tout ce que j’ai souffert.

Valancourt soupiroit, et ne pouvoit répondre ; il couvroit ses mains de baisers : les larmes qui les inondoient parloient un bien tendre langage, et les mots eussent eu moins d’expression.

Emilie, un peu remise, proposa de retourner au château. Alors, et pour la première fois, elle se souvint que le comte avoit invité Valancourt à se justifier auprès d’elle, et qu’il ne s’étoit fait aucune explication. Mais à cette seule idée, tout son cœur rejeta la possibilité que Valancourt