pathétique dont Emilie avoit été aussi charmée que surprise. Il y avoit trouvé ce portrait qui nourrissoit une passion trop fatale à son repos. Pendant sa campagne d’Italie il avoit perdu son père, et recouvroit sa liberté quand le seul objet qui la lui eût rendue précieuse ne pouvoit plus correspondre à ses vœux. On a vu comment il avoit retrouvé Emilie, comment il l’avoit aidée à s’évader de sa prison. Enfin, l’on a vu sur quelle foible espérance pouvoit s’étayer son amour, et l’inutilité de ses efforts pour le vaincre.
Le comte tâcha avec le zèle de l’amitié de lui donner quelque consolation. La patience et la persévérance pouvoient un jour lui gagner Emilie et le bonheur. — Le temps, dit-il, effacera de son esprit l’impression de tristesse que le mécontentement y a laissé ; elle deviendra sensible à votre mérite. Vos services ont déjà excité sa reconnoissance, et vos souffrances toute sa pitié. Croyez-moi y cher ami, dans une âme comme la sienne, la reconnoissance et la pitié mènent à l’amour. Lorsque son imagination sera dégagée de son erreur, elle acceptera certainement l’hommage d’un cœur comme le vôtre.
Dupont fit un soupir en écoutant ces