Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/65

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aux grandes choses, ait pu se livrer à la bassesse, et succomber à la frivolité ?

Elle avoit vu des larmes dans ses yeux ; elle avoit entendu sa voix qui s’altéroit, quand il partait d’une action grande et généreuse, ou qu’il rapportoit les maximes des grands hommes. — Un esprit tel que le sien, disoit-elle, un cœur comme celui-là, dévoient-ils être sacrifiés aux turpitudes d’une grande ville ?

Ses souvenirs devinrent trop pénibles, elle quitta brusquement le pavillon ; et pressée d’échapper aux vertiges d’un bonheur qui n’existoit plus, elle reprit le chemin du château. En traversant la longue terrasse, elle aperçut une personne qui se promenoit lentement et d’un air abattu, sous les arbres les plus éloignés. Le crépuscule trop avancé ne lui permettent pas de distinguer l’individu : elle le prit d’abord pour un domestique ; mais quand elle s’approcha, il retourna la tête, et elle crut avoir vu Valancourt.

Quel qu’il fût, il s’enfonça dans les bosquets à gauche, et disparut. Emilie, les regards fixés sur la place même où il s’étoit éclipsé, étoit si tremblante, que, pouvant à peine se soutenir, elle resta immobile, et