Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE BAL DU COMTE D’ORGEL

nous nous formons un idéal si différent de la beauté des femmes, que nous ne nous retournerions peut-être pas, dans la boutique d’un joaillier, sur celle pour qui se consuma Nemours.

Aujourd’hui nous ne jugeons plus féminin que ce qui est fragile. Le robuste contour du visage de Mme de Séryeuse le faisait trouver sans grâce. Cette beauté laissait froids les hommes. Un seul l’avait appréciée ; il était mort. Mme de Séryeuse se conservait à lui comme si elle eût dû le retrouver, pure même de ces regards de convoitise que la femme la plus honnête n’évite pas.


Mme de Séryeuse ne s’aperçut point du regard de son fils. Toutefois elle était gênée. Elle l’était comme les personnes que l’on n’a pas habituées à certaines prévenances. Change-t-on, ils se demandent ce que cela signifie. François devint presque tendre. Cette tendresse

— 90 —