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LE BAL DU COMTE D’ORGEL


— Mirza ! voilà Mirza ! s’écria Mme  d’Austerlitz.

En effet, paraissait, avec quelques amis, le Persan, cousin du Shah, que l’on appelait ainsi. « Mirza » n’était pas son nom mais son titre. Tout le monde avait adopté ce raccourci, surnom amical.

On ne pouvait rêver de Persan plus Persan que Mirza. Mais le faste des ancêtres reparaissait chez lui sous d’autres formes. Il n’avait pas de harem ; son unique femme, même, était morte. Il collectionnait les automobiles. Toujours le premier à vouloir le neuf, il les achetait encore imparfaites, et avant qu’elles fussent mises au point. Il lui arriva de rester en panne, sur la route de Dieppe, avec la plus grosse voiture du monde, qu’on ne pouvait réparer qu’à New-York.

Il était enragé de politique, comme tous ses compatriotes.

À Paris, Mirza apparaissait sous un

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