Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/159

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ciel : « Hélas ! disait-il ; hélas ! enfant de Raghou, tu m’abandonnes !… Heureux vivront alors ces hommes favorisés, qui te verront, mon fils, revenu des bois, à la fin du temps fixé par ton arrêt ! mais, hélas ! moi, je ne te verrai pas !…

«  Bonne Kâauçalyâ, touche-moi de ta main ; car ma vue a suivi Râma, et n’est pas revenue encore à l’instant même. »

La reine jeta les yeux sur le monarque, abattu dans ce lit, d’où sa pensée ne cessait de suivre son bien-aimé Râma : elle entra dans cette couche, près de son époux, elle, de qui la douleur avait tourmenté les formes, et, poussant de longs soupirs, elle éclata en lamentations d’une manière pitoyable.


Les hommes les plus affectionnés à Râma suivirent ce héros, qui, magnanime et fort comme la vérité, s’avançait vers les bois qu’il devait habiter. Quand le monarque tout-puissant retourna sur ses pas avec la foule de ses amis, ceux-là n’étaient point revenus ; ils continuèrent d’accompagner Râma dans sa route.

Râma, le devoir en personne, promenant sur eux ses regards et buvant de ses yeux, pour ainsi dire, l’amour de ces fidèles sujets, Râma leur tint ce langage, comme si tous ils eussent été ses propres fils : « Faites maintenant reposer entièrement sur la tête de Bharata, pour l’amour de moi, habitants d’Ayodhyâ, l’attachement et l’estime que vous avez mis en ma personne. Dans un âge où l’on est encore enfant, il est avancé dans la science ; il est toujours aimable à ses amis, il est plein de courage, il est audacieux même, et cependant sa bouche n’a pour tous que des mots agréables. »