Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/109

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goût pour toutes les connaissances de cet ordre[1]. Enfin, ce qui est mieux encore, c’est que, au point de vue moral, Bodin se montre toujours soucieux des intérêts du pauvre monde et désireux d’alléger le fardeau du peuple, surtout par une meilleure et plus égale assiette des impôts.

En Italie, sur les questions monétaires, nous trouvons à citer les noms de Scaruffi et de Davanzati, contemporains de l’auteur de la République[2]. Peut-être, si nous empiétions un peu sur le XVIIe siècle, ajouterions-nous, sur l’économie en général, l’Allemand Besold et l’Italien Botero, Besold (1577-1638), d’abord professeur à l’Université de Tübingen, puis à celle d’Ingolstadt, a sur la productivité du capital de larges vues qui en font un partisan de la licéité du prêt à intérêt[3]. Quant à Botero (1540-1617), nous le retrouverons plus tard à propos de Malthus et du problème de la population[4]. Mais, inquiet de l’accroissement du nombre des habitants d’un pays et convaincu qu’il peut être nécessaire de faire venir des aliments du dehors, il est amené à des idées assez libérales sur le commerce et les échanges. Son traité Della ragione di stato, est une longue suite d’avis sur la conduite d’un prince, avec force exemples tirés de l’antiquité ou de l’histoire contemporaine, et s’il présente un intérêt économique, ce n’est guère qu’à propos des impôts et des emprunts[5].

  1. Voyez le chapitre I, livre VI de la République.
  2. Scaruffi, auteur du Discorso sopra le monete e della vera proporzione fra l’oro et l’argento, 1582 ; — Bernardo Davanzati, Lezioni delle monete, 1586 (voyez sur Davanzati, entre autres, de Foville, la Monnaie, 1907, p. 141).
  3. Quaestiones aliquot de usuris (1598) et Vitae et mortis consideratio politica (1623).
  4. Auteur de Delle cause della grandezza della Città (1598) et de la Ragione di stato (1599). Ce dernier ouvrage fit assez de bruit pour inspirer, presque coup sur coup, deux traductions différentes en français. Botero fut secrétaire de saint Charles Borromée, puis ambassadeur à Paris de Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie.
  5. Op. cit., 1. VII (5e éd.), Milan, 1608, pp. 194 et s., pp. 201 et s., etc.