Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/134

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facile, quand on a l’argent, de trouver les marchandises. Toute cette discussion de Mun est aussi vive que neuve. Enfin il faut distinguer, dans un pays, trois ordres d’intérêts qui ne sont pas toujours convergents : ceux de l’État, c’est-à-dire de la nation (Commonwealth) ; ceux des marchands ; ceux du roi, c’est-à-dire du fisc levant des impôts : ce dernier ne perdra jamais à un développement quelconque des affaires, puisqu’il frappe de taxes toutes les opérations qui s’accomplissent. Mais ce n’est pas l’intérêt du fisc qui doit passer le premier.

Mun ne se flatte point qu’on puisse connaître exactement les valeurs des marchandises entrées et sorties. Ce qui est le plus important, c’est de savoir lire les chiffres que l’on connaît. Distinguons suivant que le commerce se fait par navires anglais ou par navires étrangers. Dans, le premier cas, il faut ajouter 25 % environ aux exportations et déduire 25 % des importations : car ces 25 % représentent la moyenne des frets, et ces frets sont acquis à l’Angleterre, quoique la douane anglaise ait omis, soit de les ajouter à la créance pour vente de marchandises, soit de les déduire de la dette pour achats. Dans le second cas, c’est-à-dire avec transport sous pavillon étranger, toute correction est inutile puisque l’étranger est bien créancier ou débiteur de tout ce que la douane constate, mais de cela seulement[1].

Nous devons citer, dans le même courant d’idées, sir William Temple[2], Charles Davenant[3], Raleigh, Fortrey, Manley

  1. Op. cit., ch. xx. — Mun a écrit aussi A discourse of trade from England unto the East Indies, 1621. — Consulter Dubois, Précis de l’histoire des doctrines économiques, t. I, pp. 233et s. ; — Schatz, l’Individualisme, p. 23 .— Sur Mun, voyez aussi Adam Smith, qui le contredit (Richesse des nations, 1. IV, ch.I, t. xi, p. 5), et Mac-Culloch (Principes d’économie politique, introduction, éd. Guillaumin, pp. 29-30).
  2. William Temple, auteur de Observations upon the united provinces of the Netherlands (1672) et de Essay on the trade of Ireland (1673).
  3. Davenant, auteur de Essay on the East India trade (1696-1697), de Essay on the probable ways of making the people gainers in the balance of trade (1699), de Discourses on the publick Revenues and on the trade of England (1698), etc.