Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins, de Dudley North et de lui, « les économistes les plus distingués du XVIIe siècle[1] ».

Dudley North, que nous venons de nommer, donnait en 1691 ses Discours sur le commerce[2]. Il avait un pressentiment plus net, ce semble, des avantages du commerce entre les peuples, qu’il assimilait heureusement aux échanges entre les particuliers.

Mais ni l’un ni l’autre ne nous éloignent encore beaucoup de Mun, ni de Child ; et si nous les en séparons ici, ce n’est que pour nous conformer à une opinion répandue qui veut creuser plus avant pour trouver bien profondes les racines du libéralisme économique des Anglais.

Locke (1632-1704), avec son Essai sur l’entendement humain, est beaucoup plus connu comme philosophe que comme économiste. Cependant, outre trois petits traités purement économiques, parus entre 1691 et 1695 (et relatifs à l’altération monétaire, au bimétallisme[3] et à l’abaissement du taux de l’intérêt par la force de la loi), Locke a plongé assez avant dans certaines questions préliminaires de l’économie politique, en écrivant son Essai sur le gouvernement civil et notamment ses chapitres sur la propriété. Il y réhabilite le travail en le présentant comme l’agent par excellence de la production[4] et comme le titre

  1. Mac-Culloch, Principes d’économie politique, introduction (Ed. Guillaumin, 1863, p. 37). — On cite aussi de lui une analyse dès valeurs comparées du blé et de l’argent d’après le travail qu’ils renferment (Mac-Culloch, ibid.) ; la reconnaissance des lois naturelles placées au dessus de l’arbitraire des lois humaines (Schatz, Individualisme p. 34 ; — Dubois, Précis de l’histoire des doctrines économiques, t. I, p. 249) ; enfin de judicieuses remarques sur la division du travail et la productivité plus forte de la grande industrie (Espinas, Histoire des doctrines économiques, p. 169).
  2. Discourses upon trade, principally directed to the cases of the interest, coinage, clipping and increase of money.
  3. Voyez nos Éléments d’économie politique, 2e édition, p. 287. — Le plus important est le Treatise of raising the value of money, 1691. — « Le monde, avait déjà dit Petty, évalue les choses d’après l’or et l’argent, mais surtout d’après le second, car il ne pourrait y avoir deux mesures » (Traité des taxes et contributions, ch. v, § 17).
  4. Citons ici cette page peu connue de Locke : « Que l’on considère la différence qui existe entre une acre de terre où l’on a planté du tabac ou de la canne à sucre, semé du froment ou de l’orge, et une acre de cette même