pour résultat d’empêcher les surproductions. Mais le meilleur remède, parce qu’il combattrait la misère là où le travail ne peut pas l’écarter, ce serait ce que l’on peut appeler la garantie professionnelle ; en effet, puisque le patron, c’est-à-dire l’industrie, fait travailler l’ouvrier valide, il faut que cet industriel le nourrisse malade, valétudinaire ou infirme, tandis que cette charge sociale, si c’est l’impôt qui y subvient, ne fait alors que retomber indirectement sur l’ouvrier[1].
Cette garantie pourrait exister si l’industrie était corporative comme autrefois. Mais Sismondi admire les corporations plutôt qu’il n’en souhaite le retour, « organisation oppressive et bizarre » dit-il[2] ; et il reste très indécis sur la manière d’appliquer ce remède qu’il entrevoit, comme aussi sur la manière de faire pratiquer la participation aux bénéfices, avec copropriété de l’ouvrier dans l’usine, ce qui effacerait selon lui l’antagonisme du capital et du travail[3].
Sismondi a-t-il au moins bien vu que la garantie professionnelle doit impliquer en bonne justice la servitude de l’ouvrier ? A-t-il bien vu que si le maître ancien pouvait être obligé de nourrir l’esclave infirme[4], c’est parce qu’il avait eu la propriété juridique de la personne et du pécule et qu’il avait pu et dû exercer la prévoyance pour le compte même de son esclave ? A-t-il bien vu, en autres termes, que cette garantie professionnelle est incompatible avec la liberté moderne et avec la possibilité ou le devoir de l’épargne domestique ? On peut croire que Sismondi a eu le soupçon de ces difficultés de principe : car, en retour de cette charge et des perspectives qu’elle ouvrirait aux patrons, il avait d’abord accordé à ceux-ci le droit de permettre ou d’empêcher le mariage de leurs ouvriers[5]. Ce