d’avec toute espèce de travail non agricole[1]. Il est vrai que depuis lors cette formule a reçu un assez sérieux démenti par la vulgarisation des sociétés anonymes et par la dissémination démocratique de leurs titres.
Sismondi a fourni sans doute des arguments aux revendications des socialistes ; cependant il n’est pas lui-même socialiste ; quoique convaincu de l’origine tout humaine et tout utilitaire de la propriété[2], il n’a procuré aucune thèse, ni aucun argument à notre socialisme scientifique contemporain, et il ne s’est pas davantage commis avec le socialisme communiste et mystique d’alors, que représentaient Saint-Simon, Owen et Fourier. Avec Owen et Thompson, en particulier, il déclare ne rien avoir de commun, sinon le désir « qu’il y ait une association entre ceux qui coopèrent au même produit, au lieu de les mettre en opposition les uns avec les autres[3] ». Plutôt que d’être socialiste, il nous apparaît bien davantage comme un aristocrate philanthrope.
Il a bien parlé sans doute de « mieux-value[4] », bien avant que Marx eût pris la « plus-value » pour une des bases de sa théorie ; mais il ne semble point que Marx se soit inspiré de ce précédent, et Sismondi ne répudiait pas non plus le principe d’une rémunération propre et légitime du capital.
Sismondi est seulement un interventionniste et c’est là son originalité pour le temps où il écrivait. Il charge l’État, non seulement de la police, mais du bonheur de la nation.
- ↑ L. II, ch. v, t. I, p. 103 ; — 1. VII, ch. ix, t. II, p. 347 ; Études, t. I, p. 91.
- ↑ L. III, ch. ii, t. I, pp. 159-160.
- ↑ L. VII, ch. ix, t. II, p. 365.
- ↑ L’entrepreneur, dit Sismondi, « s’efforce de ne laisser à l’ouvrier que justement tout ce qu’il lui faut pour maintenir sa vie, et il se réserve à lui-même tout ce que l’ouvrier produit par-delà la valeur de cette vie… L’entrepreneur ne gagne pas parce que son entreprise produit beaucoup plus qu’elle ne coûte, mais parce qu’il ne paie pas tout ce qu’elle coûte… Le chef d’atelier a profité seul de tout l’accroissement des pouvoirs productifs qu’a opéré la division du travail » (Nouveaux principes, 2e éd., t.1, pp. 91, 92, 103).