Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/386

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libres d’employer ou non des instruments, ne sont pas libres de faire que leur production soit aussi abondante s’ils n’en emploient pas que s’ils en emploient ? La vraie et la seule différence, ce serait que les lois économiques sur la production découlent en même temps de la nature physique du monde et de la nature morale de l’homme, tandis que les lois économiques sur les autres parties de cette science ne découleraient que de la seule nature morale de l’homme. Et cependant, dans les lois du salaire et de la rente, n’y a-t-il pas une large part à réserver à la nature physique des végétaux et à la nature physique de l’homme lui-même ?

Le livre I contient équité une longue étude philosophique et descriptive de la propriété foncière rurale et particulièrement de son régime en France, tel que Stuart Mill le trouvait, décrit pour la fin du siècle précédent par Arthur Young, dans le récit que celui-ci avait fait de ses voyages de 1787, 1788 et 1789[1]. Mais entre les voyages d’Arthur Young et la fin du règne de Louis-Philippe il avait passé bien près de soixante ans, et ces soixante ans, qui avaient vu la Révolutioh, les guerres de l’Empire, les machines à vapeur et le commencement des chemins de fer, devaient bien avoir changé quelque chose en France. Stuart Mill s’en doutait-il ?

Les livres II et III sont consacrés, l’un à la « distribution des richesses », l’autre à « l’échange ». Avec le livre I, ils représentent la a statique de l’économie politique », par opposition à sa « dynamique ». La statique, c’est « l’idée d’ensemble des phénomènes économiques de la société, considérés comme existant simultanément » ; la dynamique — que nous devrions appeler la cinématique, dirons-nous nous-même — c’est « l’étude de la condition économique dans les changements qu’elle peut subir » ;

  1. Voyez Voyages en France pendant les années 1787, 1788, 1789 ; par Arthur Young, réédités par Guillaumin, 2 vol. 1860.