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Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/46

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Nous grouperons les idées économiques de cette période autour de quatre sujets principaux. : 1° la propriété ; 2° la valeur, les échanges et le commerce ; 3° la productivité du capital et le prêt à intérêt ; 4° la monnaie ; et, pour les trois premiers au moins, ce sera particulièrement dans saint Thomas d’Aquin (1226-1274) que nous les étudierons, comme dans le représentant le plus illustre de la philosophie et de la théologie scolastiques.


II

LA PROPRIÉTÉ DANS SAINT THOMAS D’AQUIN

La propriété est de droit naturel, sinon primaire, au moins secondaire ; elle s’y rattache comme une addition que le genre humain y a légitimement faite et a été amené à y faire en vue de l’utilité sociale. Telle est l’opinion de saint Thomas, qui semble s’inspirer ici de saint Ambroise[1]. Dieu a institué directement le mariage ; il n’a pas institué la propriété d’une manière aussi directe, et immédiate, puisqu’il s’est contenté de donner la terre entière au genre humain représenté par Adam ; toutefois les conditions d’existence qu’il faisait à l’homme, invitaient celui-ci à

    blica, quae urbes regit, et hæc pertinet ad urbium rectores » (Speculum doctrinale, I. VII, ch. i, tit. ii). — Ashley précise bien la différence. « Les économistes anglais modernes, dit-il, ont ordinairement admis que tout homme est guidé par l’intérêt personnel et que chacun est mû par le désir des richesses. Ils disent que la constatation de ce fait n’implique nullement de leur part l’approbation morale de ces mobiles, qu’ils prennent simplement la nature humaine telle qu’elle est, et ils ajoutent que ce qu’ils admettent se rapproche assez de la vérité pour pouvoir servir de base au raisonnement… La doctrine économique du moyen âge était en réalité une branche de la théologie ; l’économie politique moderne, étant une science d’observation, laisse à la théologie ou à la morale le soin de prononcer dès jugements moraux » (Ashley, op. cit., dans la traduction française intitulée Histoire et doctrines économiques de l’Angleterre [Paris, 1898-1900, 2 vol. in-8o], t. II, section LXIV, pp. 445-447). Nous recommandons d’étudier avec soin les sections LXIII et LXIV.

  1. Saint Ambroise, de Officiis, 1. VIII, ch. XVIII. — Voir la discussion de ce texte, au point de vue du principe communiste qu’on a voulu y trouver, dans Thonissen, op. cit., t. I, pp. 111 et s.