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Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/466

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judicieusement les phénomènes de la répercussion des impôts[1], et où il s’élevait fort justement contre l’impôt unique sur le revenu agricole, tel que les physiocrates avaient voulu l’établir. Cournot (1801-1877), recteur de l’Académie de Grenoble, puis de celle de Dijon, est plus connu. Il donna en 1833 ses Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses. Il prenait, par exemple, une proposition d’Adam Smith ou de Jean-Baptiste Say, il la mettait en formule algébrique et tâchait d’en déduire les transformations nécessaires, à l’aide des procédés usités pour les mathématiques. Mais il aboutissait souvent à des conclusions contre lesquelles protestait l’expérience. Au fond, le volume fit peu.de bruit les mathématiciens le dédaignèrent, faute de s’intéresser aux problèmes économiques, et les économistes ne l’estimèrent guère plus, faute de pouvoir accepter les déductions qui y étaient amenées. Aussi Cournot, quand il publia en 1863 ses Principes sur la théorie des richesses, adopta purement et simplement cette fois la doctrine de la liberté naturelle, sans s’astreindre davantage à la dangereuse rigueur des formules algébriques. Nous avons déjà cité Cournot comme un des rares économistes français qui ont étudié et accepté la théorie de la valeur internationale[2].

C’était à l’école mathématique qu’appartenait aussi von Thünen, quand il calculait à l’aide de formules, soit le taux naturel de l’intérêt, soit le salaire effectif pour arriver à voir dans ce dernier une moyenne proportionnelle entre la productivité du travail et les exigences de la vie de l’ouvrier. Comme les mathématiciens cherchant une valeur limite, lui aussi trouvait aux frontières de son « État isolé » une zone où la rente était nulle et au-delà de laquelle la terre était gratuite : il n’y avait plus alors qu’à recons-

  1. Voyez Block, Progrès de la science économique, 2e édit., t. II, pp. 473 et s.
  2. Voyez supra, p. 375.