Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/488

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nomistes classiques ; Il admet par exemple la rente et les lois ricardiennes de la rente, et il le fait même sans isoler cette rente d’avec le loyer des capitaux fixes incorporés — confusion qui dès avant lui avait été répudiée à très juste raison. — Il admet aussi le principe de population de Malthus, qui lui fournit une preuve de la nécessité du célibat religieux. Enfin, il combat très franchement et très heureusement la démocratie chrétienne (ou socialisme chrétien), dans laquelle il voit fort bien un danger non moins qu’une erreur[1].

L’Allemagne avait eu de son côté toute une pléiade d’économistes libéraux, tels que Prince-Smith (1809-1874), qui fonda en 1846 l’Union libre-échangiste de Berlin ; Schulze-Delitsch (1808-1879) dont le nom s’est conservé par la fondation de ses banques ouvrières et qui par elles rivalise avec Raiffeisen, le fondateur des caisses rurales ; puis Michaelis, Wirth, Braun, etc., les uns plus actifs à faire triompher les doctrines libérales dans le régime du travail et du commerce extérieur, les autres, comme Schulze-Delitsch en particulier, consacrés davantage au relèvement de la classe ouvrière par un usage intelligent et raisonné de l’association libre et des sociétés de coopération. Citons encore Soetbeer, si connu par ses travaux historiques et statistiques sur l’or et l’argent comme métaux monétaires.

Dans l’ensemble, ce qui a caractérisé partout les tendances, de l’économie politique, au cours de la dernière génération, c’est, d’une part, une attention plus grande donnée à la succession des institutions et des phénomènes ; d’autre part, une plus vive sollicitude pour les intérêts et les souffrances des classes adonnées aux travaux manuels. Exagérées, ces deux tendances ont abouti ailleurs, la pre-

  1. Voir en ce sens, parmi les œuvres de M. Périn, le Socialisme chrétien (1879), le Salaire d’après l’Encyclique (1891) et de nombreux passages de ses Premiers principes d’économie politique (1895), entre autres pp. 49, 130, etc., de ce dernier ouvrage.