mière à l’historisme, et la seconde au socialisme : maintenues au contraire dans de justes limites, elles ont l’amené la science vers l’esprit dont Turgot, Adam Smith et Jean-Baptiste Say avaient voulu l’imprégner ; elles l’ont dépouillée des abus d’une rigidité toute mathématique ; elles l’ont rajeunie, en la dégageant des spéculations uniformes et un peu tristes dans lesquelles Malthus, Ricardo et Stuart Mill s’étaient plu à l’enfermer ; enfin et surtout, elles ont fait germer les semences que la science et l’art économiques portent en eux-mêmes pour l’amélioration des conditions sociales et pour le bien-être du plus grand nombre.
Comme l’a dit avec raison le grand économiste anglais Marshall, « les nouvelles théories ont complété les anciennes ; elles les ont étendues, développées, et parfois corrigées ; elles leur ont donné souvent un autre aspect, en insistant d’une façon différente sur les divers points : mais elles les ont très rarement renversées[1]. » Si Ricardo et Stuart Mill, parmi les grands économistes, ont été les deux qui ont le plus souffert de ces tendances nouvelles, c’est parce qu’ils avaient recouru plus exclusivement que tous les autres à la méthode déductive.
Aussi bien le goût des études d’histoire est-il un des traits caractéristiques de notre XIXe siècle. Il a ramené les esprits à une appréciation plus juste d’un passé mieux connu ; il a préparé cette tardive réhabilitation du moyen âge, à laquelle Victor Hugo et Montalembert avaient ouvert la route ; et transporté dans l’économie politique, il a fait éclore des œuvres durables, au premier rang desquelles nous plaçons les travaux déjà cités de M. le vicomte d’Avenel[2].
L’Angleterre nous a suivis ou précédés dans la même voie, en nous donnant les ouvrages de Thorold Rogers et